Un peu d’histoire

L’apparition de la métallurgie

Le travail du métal, ou métallurgie, se distingue du simple martelage d’un métal trouvé à l’état natif. La métallurgie fait appel à un traitement thermique et donc à la maîtrise du feu. La métallurgie n’est donc apparu que lorsque l’homme a pu maîtriser le feu.

Les métaux natifs (non combinés) furent les premiers utilisés et servirent à la fabrication de parures et d’objets d’apparat. Le cuivre, travaillé d’abord en Irak (IXe millénaire avant JC) fut le premier métal travaillé. L’or, recueilli sous forme de paillettes ou de pépites dans le lit des cours d’eau, ne fut utilisé que plus tardivement (premiers ors datant du milieu du Ve millénaire retrouvés dans la nécropole de Varna en Bulgarie).

Source : https://musee-archeologienationale.fr/sites/archeonat/files/fpmetallurgie.pdf

Cuiller métal age bronze ancier
Cuiller métal age bronze ancien

« Les peuples néolithiques vont effectivement s’intéresser à certaines « pierres » ayant des propriétés particulières : elles brillent quand elles sont frottées et présentent un toucher agréable. Elles sont d’abord utilisées à des fins décoratives, avec l’or, l’argent et le cuivre.

Présents à l’état naturel, les anciens n’ont eu qu’à se baisser pour collecter ce qu’ils considèrent encore comme des « pierres » au même titre que le marbre ou le calcaire. Mais contrairement au silex par exemple, ces métaux sont rares et cette rareté ajoutera à leur valeur.

Ils découvrent très vite qu’elles sont malléables, c’est-à-dire qu’elles peuvent se déformer sans se casser, contrairement aux autres pierres. Elles réagissent aussi au feu en se déformant et en fondant et peuvent se liquéfier avant de se re-solidifier en adoptant des formes déterminées.

Pour assurer cette fusion, les anciens réussissent à obtenir une chaleur suffisamment forte au moyen d’un feu de bois (pour le plomb par exemple) et plus tard dans un four de potier.

Le métal pouvait être façonné par le moulage, par la fonte à la cire perdue et par le martelage, voire par ces trois techniques confondues. Les fouilles ont ainsi livré des moules en pierre ou en argile présentant la forme, en creux, de bijoux ou d’outils. »

Source : dossier_pedagogique_metaux_2-3.pdf (astrolabium.be)
Premiers outils en métal façonnés à la préhistoire
Premiers outils en métal façonnés à la préhistoire

L’amélioration des fours et des combustibles (en utilisant le charbon de bois) entrainera la possibilité d’atteindre des températures plus hautes et donc de pouvoir travailler d’autres métaux.

A noter que peuvent coexister au même moment des stades techniques différents selon les régions. Par exemple, le Nord de la Scandinavie ne connait le métal que vers le milieu du IIe millénaire alors que toute l’Europe est en plein Âge du Bronze depuis près de 500 ans.

Historiquement, les métaux apparaissent dans un certain ordre qui donne leur nom aux périodes où leur usage est prédominant. Nous aurons ainsi l’âge du cuivre ou chalcolithique (environ de -4000 av JC à – 2000 av JC), l’âge du bronze (environ -2000 av JC à -800 av JC)  et l’âge du fer (environ -800av JC à -50 av JC)*.

* dates approximatives devant la difficulté à trouver des dates similaires d’une source à l’autre

Outil réalisé à l'Âge du bronze
Outil réalisé à l’Âge du bronze

De l’âge du fer datent les premiers bas fourneaux, qui sont modelés sur les fours de potiers. En chauffant, ils permettent d’éliminer l’oxygène du minerai et ainsi obtenir un métal plus pur.

L’amélioration des techniques

Très tôt dans l’histoire, on découvre que le fer peut être grandement amélioré s’il est chauffé dans un four à charbon de bois (contenant du carbone) : durant la cuisson une partie de ce carbone est transféré au fer. L’effet est d’autant plus important si on abaisse la température rapidement, par exemple en jetant le métal en fusion dans l’eau : il s’agit de l’acier trempé !

Dans ces « bas fourneaux », les températures obtenues ne sont pas très élevées et le métal devient pâteux. Il est ensuite martelé par le forgeron pour être débarrassé de ses impuretés. C’est pourquoi le fer reste alors produit en petite quantité, que l’on utilise pour fabriquer de petits objets (armes, outils…). On y a parfois recours dans la construction, mais seulement pour de petites pièces : agrafes, chaînes, ancres… qui permettent de maintenir les pierres entre elles.

Source : http://passerelles.bnf.fr/reperes/fer_01.php
Eléments en métal réalisés au XIème siècle
Eléments en métal réalisés au XIème siècle

La technique du haut-fourneau, permettant des températures élevées, existe en Chine depuis le Ve siècle. Mais en Occident, il faut attendre le début du XVe siècle pour qu’apparaissent des hauts-fourneaux de taille encore modeste, couplés à un moulin à eau actionnant un soufflet (« soufflet hydraulique »). Ce dispositif permet d’obtenir un métal sous forme liquide, facile à mouler : c’est la fonte (mélange en fusion composé de fer et de carbone).

À partir de la Renaissance, la ferronnerie n’est plus utilisée seulement comme protection visant à renforcer le bois ou la pierre. Elle devient un élément décoratif à part entière, employée pour les balustres, les rampes d’escaliers ou les balcons, balconnets, garde-corps et même parfois pour les colonnes.

Détail d'un travail de ferronnerie sur une porte en bois
Détail d’un travail de ferronnerie sur une porte en bois

Le XIXe siècle est l’âge d’or du fer dans la construction, en raison des progrès des techniques de la sidérurgie. Le métier de métallier apparaît alors.

Développement de la ferronnerie, multiplication des usages dans le domaine de la construction et des bâtiments
Développement de la ferronnerie, multiplication des usages dans le domaine de la construction et des bâtiments

La naissance du métier de métallier

« Jusqu’au XVIIIe siècle, le terme de « serrurier » recouvre tous les métiers du métal appliqués à la construction. Ainsi, l’activité du serrurier depuis l’Antiquité ne se limite pas à la fabrication de clés, de serrures et de coffres puisqu’il était aussi chargé de fabriquer les grilles des fenêtres ou les pièces métalliques destinées au renfort et à la décoration des édifices les plus prestigieux. Étriers, équerres, agrafes, goujons et crampons – de fer ou de bronze – fixent en effet les pierres d’assise et consolident la structure du bâtiment : en collaboration avec le forgeron, le serrurier accomplit alors les fonctions d’un constructeur ou d’un charpentier métallique. »

Source : http://passerelles.bnf.fr/dossier/metallier_01.php

Pendant le Moyen Âge, comme pour les autres métiers, celui de serrurier se structure progressivement. La grande famille des « fèvres » ou « ferrons » (travailleurs du fer) était divisée en trois grandes catégories : les maréchaux, les couteliers et les serruriers. Au XIIIe siècle, la corporation des maréchaux-ferrants est créée, pour se maintenir jusqu’au XVIIIe siècle, alors que celle, plus tardive, des serruriers date du début du XVe siècle. Ainsi à Paris, à la fin du XIIIe siècle, on compte 85 ferrons ou fèvres, 34 maréchaux, 27 maîtres serruriers parisiens. Une solidarité se crée entre les gens de métiers : les serruriers mettent alors en commun une caisse mutuelle pour secourir les familles des confrères en cas de maladie, de vieillesse ou de décès. Le Saint Patron des serruriers est, depuis le Moyen Âge, Éloi de Noyon. Cet orfèvre et monnayeur, réputé absolument incorruptible, vécut au VIIe siècle et devint ministre des Finances pendant le règne de Dagobert Ier.

Ferronnerie pour une porte d'église, Moyen-Âge
Ferronnerie pour une porte d’église, Moyen-Âge

Mathurin Jousse publie en 1627 La fidèle ouverture de l’art du serrurier, ouvrage dans lequel de nombreuses gravures illustrent l’art de la ciselure, du repoussage au marteau ou du damasquinage. Dans son livre, Jousse livre aussi ses recettes pour fabriquer le meilleur métal possible et présente les outils indispensables au serrurier : machines à tailler les limes, châssis…

Au XIXe siècle, le métier de ferronnier prend le sens artistique que nous lui connaissons aujourd’hui, se distinguant de l’utilisation industrielle du métal et du métier de métallier. En effet, les découvertes scientifiques permettent la fabrication en masse d’un acier de « qualité » (pour l’époque), participent à la Révolution industrielle et font passer la métallurgie du statut d’artisanat à celui de « science ». Avec la Révolution industrielle, le métal devient un composant fondamental des nouvelles constructions. Le XXe et le XXIe siècles renforcent cette tendance et ont massivement recours au fer et à l’acier. Le métier de métallier apparaît alors et avec lui l’outillage industriel nécessaire à sa mise en œuvre.

Emergence de l'acier dans les constructions depuis la Révolution industrielle, ici une structure réalisée avec des poutres métalliques
Emergence de l’acier dans les constructions depuis la Révolution industrielle, ici une structure réalisée avec des poutres métalliques

Aujourd’hui, le métallier est celui qui conçoit, fabrique et pose des ouvrages métalliques pour le bâtiment. Il réalise rampes d’escalier, balcons, portails, bacs, grilles…Pour cela, il met en forme acier, aluminium, cuivre, inox ou laiton. Selon le plan, il choisit la matière, trace et découpe les contours et façonne les pièces par pliage ou à la forge. Il les assemble par soudure à l’arc ou par vissage.

En 2020, on comptait en France 18500 métalleries, pour un effectif de 65 000 salariés

(Source : étude « Structures et perspectives des marchés de la métallerie » publiée par l’Union des métalliers).
Métallier en train de réaliser une soudure
Métallier en train de réaliser une soudure